e n’aime pas ce genre de matin. Juillet, la nuit a été terrible ! Chaude et humide. Sombre et éclairée. Orage. Dehors, l’air a cette odeur spéciale des matins pluvieux. Vers huit heures, le ciel se dégagea et laissa le soleil pointer le bout de son nez. Je sorti une robe bleue marine patineuse et un perfecto en cuir marron accompagné de talons. Un maquillage légèrement dorée sur mes yeux vairons et un rouge à lèvre rose. Je notai des instructions sur le tableau à craie de la cuisine pour Sonia. Elle était à présent en vacances. J’attrapai mon sac à main, mes clefs et mon portable et je sortis. Je me dirigeais jusqu’à la rédaction. En ouvrant la boite aux lettres j’y trouvai une lettre du commissariat. Etant bonne amie avec le maire, j’entretiens des relations convenables avec les services de police qui n’hésite pas à nous tenir au courant des nouveaux faits divers. Je sortis mon trousseau de clefs et ouvrit la grande porte. Une fois installée dans mon bureau, j’allumai mon ordinateur fixe et mon ordinateur portable. Devant le courrier j’étais terrifiée. Une jeune femme pleine de talent avait été assassinée sans scrupule. Encore un autre horrible meurtre. Devant mes yeux les premiers clichés de la scène de crime. La petite aiguille de l’horloge indiquait l’heure de la réunion. Elle se déroula sans encombre particulière. Je mobilisai Anna, la jeune journaliste, rat de bibliothèque qui s’occupe des archive et mon Nathan. Nos relations sont assez spéciales. Disons que nous avons la même méthode de « détente » ou d’occupation de temps libre. Je n’en dis pas plus ça risquerait de choqué la sensibilité des plus jeunes. Je demandai au bel homme d’aller chercher plus d’infos sur le terrain. Chacun à son poste, le rez-de-chaussée était bien calme. Pendant que je réfléchissais à ma méthode d’ « investigation » j’ouvris la porte de mon bureau et en me retournant pour la fermer derrière moi, Wendy se tenait droite devant moi. Le regard déterminé. Je sursautai. Elle ne passa pas par quatre chemins pour me dire ce qu’elle voulait. « Je veux vous aider à trouver le meurtrier de Gwen ! S'il vous plait laissez-moi être votre Watson. C'était une amie qui comptait beaucoup pour moi. J'arriverais surement à vous aider. » me disait-elle. Je la regardais : sa tenue, son maquillage, sa prestance, tout convergeait vers un même sentiment : la vengeance ! Elle avait besoin de mon aide, ça se voyait dans ses yeux. A la base, je voulais attendre le mois de septembre, que six mois révolus soit passés pour la mettre dans un département plus important. « Fait divers » est particulièrement particulier. Une crainte me dérangeait tout de même : et si sa connaissance de la victime et son implication de l’affaire pouvait influencer sa réflexion ? Mais ayant un bout de cœur et un instinct de maman me fit ouvrir la porte en plus grand : « Allez-y rentrez ». Je m’installais à mon bureau, sorti un calepin, armé d’un stylo et de deux stabilos je collectais un début d’information.

- Qu’est ce que tu peux me dire sur Gwen ? Je veux tout savoir. De A à Z. Et aussi tes idées pour enquêter, aller parler à qui ? faire attentions à quels genres de détails ? les rumeurs... Tout ! Le stabilo rose pour ton avis, le orange pour l’aspect plus théorique. Je t’écoute.

a détermination de la jeune Wendy était impressionnante. Appliquée, elle suivait avec une similitude presque parfaite mes conseils de méthodes de travail. Je marquais sous forme de notes les premiers éléments que la jeune femme m’évoquait. Une étoile pour l’idée principale est accompagnée par son acolyte la flèche qui marquait les conséquences. J’accrochais un tableau Velléda au crochet, sur l’un des murs de mon bureau. J’ai noté le prénom « Gwenaëlle Pomfresh » que j’ai entouré. Puis j’ai fait partir des flèches de ce cercle servant à indiquer les pistes, les personnes à interroger etc. Ma nouvelle recrue aux faits divers continua son récit. Il y avait deux personnes qu’on pouvait interroger : une certaine Misaki et le fameux docteur Johnattan, psychiatre qui suivait aussi ma fille. De plus je l’avais déjà rencontré hors dehors de l’hôpital. Au bout d’une flèche, je notai les prénoms des futures personnes questionnées.

- Bien ! Tu m’accompagneras interroger ces deux personnes et il faudra se renseigné auprès de Gus, le barman qui est cœur des ragots de la ville. Pour le psychiatre il faudra bien insister sur leur relation, histoire qu’on sache où ils en étaient et si la théorie du meurtre passionnel soit plausible. Nathan s’occupe d’étudier les relevés de banques, les réseaux sociaux, ses contacts téléphoniques etc.

J’avais fini par accepter le tutoiement. J’apprécie Wendy et comme nous nous voyions souvent hors dehors du travail c’était plus simple d’utiliser « tu ». Quelqu’un toqua à la porte ! J’autorisai la personne à rentrer. La petite tête d’Anna, les mains remplis de document. Elle déposa ses journaux sur mon bureau et accrocha avec un aimant sur le tableau une photo de la victime et les photos de la scène de crime. On y voyait parfaitement l’ignoble cadavre et la tâche de sang qui ornait le centre de sa robe, au niveau de la taille. Dans l’idée, je dirais que la plaie pourrait ressembler à un coup de couteau ou une balle tirée à hasard. Elle avait les poignets et les chevilles liés par une corde.

-Alors, d’après la police, la victime a été séquestrée dans son propre appartement, assise sur un tabouret, attachée. C’est bien post mortem qu’elle a été déplacée dans son canapé. Nous pouvons donc nous demandé pourquoi avoir fait ça. Suite à cette interrogation j’ai ressorti ces articles qui relatent le même type de meurtre où la victime est déplacée dans un lit ou canapé après l’avoir assassiné. Dans se cas là, de nombreux enquêteurs ont pensé à un meurtre passionnel, pas vraiment souhaité. Sauf que les criminologues sont clairs ! Cette théorie est impossible !

-Et le c*nnard qui a fait ça cr*ve derrière les barreaux ?

-Non ! Les affaires seront classées dans deux ans.

-Alors on se bouge ! Si ce psychopathe recommence ses séries de meurtres, treize ans plus tard, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Wendy !? Ca ira ? Voir la vérité imagée en pleine face n’est pas trop dure ?

Je réfléchissais à la chronologie des faits. Imaginer un portrait robot psychologique. Quel genre de psychopathe pouvait faire des actes aussi horribles. Peut-être qu’en façade je fais très autoritaire, sans cœur, avec peu de compassion. Mais au fond de moi j’ai quand même des sentiments. Mon âme issue de la maternité je pense. Sur ces photos, la jeune femme communiquait la crainte, le refoulement, la surprise mais dans sa mort, la femme avait l’air plus calme illustrant un destin brisé. A présent, la question était de savoir comment allons-nous procédé. Techniquement, c’était aux policiers de faire les interrogatoires, mais puisqu’ils sont en sous effectif, nous avions eut l’autorisation de partir à la chasse aux infos ! Le seul problème qui se pose était si la personne en face de nous refuse de parler. Dans ce cas là on n’a pas la carte magique « Police » nous permettant de forcer les gens à nous parler ! Du coup il fallait savoir s’y prendre avec l’espèce humaine plus ou moins sociable. Wendy proposa de commencer par le bar pour parler au barman et à Misaki. Elle rajouta un commentaire qui eut le don de m’agacer. Je ris jaune, avec un sourire en coin et un sourcil relevé. Je lui jetai un regard noir, transperçant ! Après un temps elle proposa une autre idée.

-Vous avez presque loupé une occasion de fermer votre bouche mademoiselle Fair. Si vous connaissez mieux mon travail que moi, je ne vois pas ce que vous faites comme apprentie dans ma rédaction. Pour votre idée des voisins, je suis d’accord. Faites équipe avec Nathan pour les alibis et la présence des voisins, ça fait partir de son travail. Allez-y maintenant, on se retrouve dans une heure pour faire un point et partir pour le bar. Je connais le Gus et je suis prête à taper du point sur la table pour lui faire dire tout les dossiers qu’il a.

Vous pensez qu’il ne nous dirait pas tout ?

-Il a l’air assez proche d’un gars que j’ai rencontré un soir. Il a l’air au courant de ce qui se passe de son côté. Ce type n’est pas très clean. Il doit tourner entre alcool, drogues et autres. En tout cas je me méfie beaucoup de ce Larry Mantis. Anna, trouvez moi les dossiers des affaires dont vous m’avez trouvé les articles.

-Et vous ? Vous allez faire quoi ?

-Je vais passer un coup de fil au commissariat. Si y a bien du monde qui peuvent nous aidé, c’est là bas qu’on pourra les trouver. Il faut aussi que j’aille voir les autres départements au cas où. On se dit dans une heure, vers midi et demie devant la rédaction. Pensez à votre carte de presse. Tu donnes l’info à Nathan, je vais avoir besoin de ses talents de pirate informatique.

-C’est pas vraiment légal ça... ?

-Parce que tu crois que tout ce que fait la police est forcément légal ? Aller retourne travailler !